mardi 11 mars 2008

De Tokyo à Utsunomiya : Mashiko

La météo annonçant du mauvais temps pour le lundi, je voulais aller aux musées à Tokyo. Pas de chance, au Japon aussi les musées sont fermés le lundi ! à la place, je suis allée à Mashiko. C'est une petite ville de potiers que m'avait recommandée Eri, et qui est à environ une heure de bus au Nord d'Utsunomiya. Je pensais que dans les ateliers et les boutiques de potiers, au moins je serais au chaud.

Me voilà donc partie à la gare pour prendre le bus. Au guichet d'information, une dame m'a donné les horaires (un bus par heure !) et a entouré les idéogrammes représentant Mashiko (moule à gaufre - 7 tordu) et Utsunomiya (parapluie dans carré - carré). Me voilà parée, et heureusement, parce que j'étais la seule occidentale à attendre à l'arrêt 14, mais aussi la seule à savoir dans quel bus je devais monter ! La méthode des dames japonaises consiste à demander à tous les bus qui s'arrêtent : "vous allez à Mashiko?". Pour le "vous allez", ça pue la supposition, je vous l'accorde, mais "Mashiko", j'ai bien reconnu !




Dans le bus, le système des tarifs m'a bien plu. On prend un ticket avec un numéro en montant, (par exemple 2) et quand on descend, on paie le prix affiché sur le panneau lumineux (dans la case qui est sous ce numéro), en mettant de la monnaie dans la machine bleue, ou en donnant directement l'argent au chauffeur.





au bout d'une petite heure, le bus est passé sous une grande banderole sur laquelle j'ai reconnu moule à gaufre-7 tordu, et la dernière passagère s'est levée pour descendre. Je suis allée voir le chauffeur, et lui ai demandé si nous étions dans le centre-ville. Le voilà qui me répond "non non, ce n'est pas là, vous allez voir les poteries, non ?". OK, je suppute encore, mais j'ai bien reconnu les signes de la tête et des mains pour dire que ce n'était pas là, et le mot Yaki (poterie). Je lui ai répondu en japonais "oui, oui, poterie", et je me suis assise derrière lui. Comme quoi on arrive toujours à se comprendre !


D'un coup, il s'est arrêté et m'a fait signe de descendre. En regardant autour de moi, j'ai vu des boutiques de poteries (fermées), ça m'a pas mal rassurée. J'étais visiblement au bon endroit. La première chose que j'ai voulu faire, ça a été de repérer un arrêt de bus de l'autre côté de la rue, pour savoir comment rentrer. Pas d'arrêt. En regardant mieux, il n'y avait pas d'arrêt non plus là où j'étais, juste un parking avec un gros ours au-dessus... Mon ami chauffeur, par pure gentillesse et pour m'arranger, m'avait déposée à un bout de la rue des potiers, mais pas du tout à un arrêt officiel !




Tant pis, je me suis dit que je trouverais bien
1- un arrêt de bus (s'il n'a pas été jusqu'à faire un détour)
2- un vendeur qui pourrait me dire où est ce fameux arrêt
3- un téléphone pour appeler Manu au secours.
Je me suis donc promenée dans la ville, qui est absolument ravissante, en cherchant les quelques vendeurs ouverts. Logiquement, les magasins sont fermés le lundi, comme les musées.





J'ai fait le tour des magasins, mais n'ai pas trouvé d'atelier qui fonctionne. Tant pis pour la démonstration.
La poterie allait de la plus grossière à la plus fine, mais j'ai appris le lendemain que la poterie traditionnelle de Mashiko était épaisse, et d'un usage quotidien. Dans ce style-là, j'ai vu de jolies choses, mais dans des vitrines, derrière des barreaux de fer. J'ai quand même acheté de petites bouteilles pour le saké, dont je pensais qu'elles étaient à un prix raisonnable. (en fait, elles étaient assez chères, je n'avais pas du tout le bon taux de change, donc heureusement que tout était fermé !)


En faisant mes achats, j'ai demandé à la vendeuse de m'indiquer l'arrêt de bus. (parapluie dans carré-carré sur l'horaire des bus, ça aide). Encore un coup de chance, l'arrêt était juste en face du magasin, de l'autre côté de la rue. J'avais acheté des onigiris (boulettes de riz fourrées, une invention fabuleuse) que j'avais mangés en marchant, je commençais à avoir froid, je n'avais plus rien à voir, et mon horaire annonçait un bus pour dans 5 minutes, donc j'ai traversé la rue pour patienter à côté du panneau de l'arrêt (un truc rond, avec des idéogrammes sans carré, l'inconnu, quoi).



Et là, il s'est mis à tomber des cordes. Aucun abri n'était assez près pour ne pas risquer de louper le bus (et attendre une heure), je suis donc restée à me faire saucer comme jamais, en me disant "il ne va pas tarder". Dix minutes plus tard, il n'était toujours pas passé.
J'ai vu une famille de trois personnes sur le trottoir d'en face. Ils avaient chacun un parapluie, en plastique transparent, comme on en voyait partout à Tokyo.
D'un coup, la dame a traversé la rue en courant (ce qui était très dangereux, vu la largeur de la rue et la vitesse des voitures), elle m'a donné son parapluie, et elle a couru de l'autre côté pendant que je lui criais merci ! J'étais à la fois stupéfaite et touchée, j'en avais les larmes aux yeux.
Le bus est finalement arrivé avec une vingtaine de minutes de retard. J'ai fait de grands signes aux propriétaires du parapluie, qui étaient entrés dans la boutique d'en face (je pense qu'ils m'ont vue) et je l'ai posé sur le trottoir, à côté du poteau de l'arrêt. Je suis rentrée sans encombres, et j'ai même fait une petite sieste avant que Mr Jeon et Manu ne rentrent du boulot.






Au mois de mars, à Dongdaemun, j'ai vu le même parapluie que celui de la dame de Mashiko. Je l'ai acheté en souvenir.

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